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Reportage

Quatre jours de couverture d'un événement sportif

Quatre jours de sport, quatre jours de rencontres, quatre jours de partage, quatre jours de sueur, le Saumur complet 2019, vécu par une jeune journaliste stagiaire accréditée, c'était tout cela à la fois. 

Dans un esprit de camaraderie et de simplicité, beaucoup moins étriqué et aseptisé que celui du saut d'obstacles, j'ai couvert ce long weekend de compétition pour le site web de l'Éperon. Pendant quatre jours sur l'hippodrôme de Verrie-Saumur, non loin du célèbre Cadre noir, j'ai vécu au rythme des épreuves sportives sous la chaleur intense et inattendue de cette fin de mois de mai.

 

Le journaliste, un sportif à part entière

Au total, il y en avait quatre différentes, comportant chacune, comme le veut la discipline, trois tests : le dressage, le cross et le saut d'obstacles. Un programme chargé qui s'annonçait déjà sportif sur le papier. J'ai découvert par la suite son intensité sur le terrain. Courir de carrière en carrière pour récolter les réactions en sortie de piste, courir d'un obstacle à l'autre pour prendre la photo du dit cavalier, courir après les athlètes pour obtenir une interview ou après les communicants de l'événement pour qu'ils vous l'obtiennent, se presser pour publier les compte-rendus le plus vite possible après les épreuves. S'il y a bien une chose que vous oblige à faire un tel événement, ce sont des choix. Il faut accepter ne pas pouvoir être présent sur chaque épreuve, ne pas pouvoir interviewer tous ceux qui le mériteraient et définir des priorités. Lorsqu'on est seule comme je l'étais, il est indispensable de bien s'organiser pour ne pas rater les moments phares de l'événement, être débrouillard pour gérer à la fois son matériel, l'écriture des articles, le partage sur les réseaux sociaux et la prise de photos d'illustrations pour certains sujets. En somme le journaliste est aussi un athlète multi-casquettes - rédacteur, photographe, réalisateur, monteur, community manager, etc - endurant - les nuits ont été très courtes - et passionné.

Photographe : notamment sur le cross l'épreuve la plus spectaculaire de la compétition. 

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Partage de stories Instagram et Facebook. 

Des rencontres

Se déplacer sur de tels événements c'est également jouir de se retrouver au plus près des acteurs des sports équestres. Qu'ils soient journalistes, photographes, organisateurs, entraineurs, chefs de pistes, cavaliers, grooms ou encore familles des athlètes, tous sont intéressants à rencontrer et écouter. Ces échanges m'ont permis de mettre encore plus un pied dans le milieu équestre, de me faire connaître, de créer des liens et d' en apprendre davantage sur ses coulisses et ceux qui s'y activent, qu'en plusieurs mois derrière un ordinateur. C'est ainsi que j'ai notamment eu de grandes discussions avec les mamans de deux cartouches de l'équipe de France de concours complet. Le deuxième jour, j'ai longuement échangé avec la maman, très réservée, de Victor Levecque devant un food truck. Il était 16h30, ni elle ni moi n'avions pris le temps de manger à midi et nous profitions que le public, en cette heure tardive, ait déserté le comptoir pour venir nous restaurer. La conversation s'est engagée naturellement et pendant plus de vingt minutes,  j'ai appris énormément sur l'organisation, les aspirations, la vie de famille, les montures, etc, de son fils. Rebelote le quatrième jour, lorsque la maman de Thibault Fournier est venue regarder à mes côtés, l'épreuve dans laquelle son fils était engagé. Commentant son passage et celle des autres français : elle m'a ainsi informé de l'état de forme des chevaux d'un tel, des qualités de la monture de l'autre, de quelle manière son fils appréhendait les épreuves ou encore quelle stratégie allait il adopter. Des papotages échangés sous un beau soleil et confortablement assises dans des transats, pouvant paraître insignifiants mais qui en réalité sont justement les plus instructifs et bénéfiques. De manière plus professionnelle, j'ai notamment réalisé les interview vidéo de trois jeunes athlètes, Yoann et Stefen Wyzuj ainsi que Thibault Champel, espoir de la discipline : 

Mais aussi de plus anciens, à l'image de ma rencontre, au détour d'une carrière, avec l'ancien cavalier et entraîneur de saut d'obstacles, Nelson Pessoa. Intrigué par sa présence - le complet n'étant pas sa discipline de profession - j'ai fait part de mon étonnement à mon directeur de publication, venu en tant que visiteur ce jour-là, et sur ses conseils suis retourné l'interviewer. Avec une incroyable gentillesse, l'homme de cheval de quatre-vingt-trois ans a patiemment  répondu à toutes mes questions. Un moment d'échange suspendu avec "le sorcier brésilien" dont la sagesse n'a d'égal que son expérience et sa culture. Cerise sur le gâteau, cette interview impromptue m'a permis de révéler que ce dernier était en réalité le nouvel entraineur de l'équipe australienne de concours complet. Une information sur laquelle les médias n'avaient pas encore mis le doigt.

 

Et si l'on souhaite profiter au maximum de toutes ses rencontres, il est nécessaire de maîtriser quelques peu les langues étrangères et en priorité l'anglais. Ce weekend, les vainqueurs des épreuves majeures furent un cavalier australien et complétiste chinois. J'ai donc dû perfectionner mon accent britannique lors de mes interviews ainsi que m'initier au doublage pour traduire les propos des athlètes filmés.   

En somme, comme le voyage forme la jeunesse, je crois que le terrain aguerri le journaliste. Couvrir le Saumur complet m'a permis de gagner en expérience, que ce soit aussi bien par le travail accompli sur place qu'en discutant le soir lors de diners ou en fin de journée en bas de l'hôtel avec d'autres professionnels du monde médiatique. Je pense notamment à ce photographe ayant servi pendant plus de vingt ans l'Éperon et qui m'a raconté sa vie, prodiguer des conseils lorsque je mitraillais les concurrents à cheval et laisser sa carte, pour "si jamais un jour tu as besoin de quoique ce soit". Tout comme cette correspondante depuis plus de quarante ans pour des médias équestres avec qui j'ai dîné un soir et qui m'a fait part de son vécu et raconter les secrets des coulisses du monde du cheval. C'est le coeur plus assuré que jamais de vouloir en faire mon métier, que le dimanche soir, épuisée mais comblée, je suis remontée dans ma voiture et suis passée pour la dernière fois devant les agents de sécurité de l'hippodrôme. Ces derniers, après m'avoir croisé quatre jours durant, m'ont reconnu et salué d'un grand sourire. Saumur complet, je reviendrais ! 

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